Je suis un héros

Les Chinois en Amérique

Trois extraits     2/3

 
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Les Chinois en Amérique

 

PREMIÈRE PARTIE

 

(Nous retrouvons cette semaine encore notre ami Robert Bobsleigh, en direct de sa résidence du Nid D'aigle de Bertchesgaden. L'émission commence par la retransmission du véritable discours d'Alfonso Pumpernickel, gouverneur de Californie, ou plutôt roi de Californie, comme il aime s'appeler lui-même avec un humour certain).

L'image, d'excellente qualité, provient des archives du Royal Californian Vollkornbrot TV Network .

Death Valley, Californie. Les dissidents chinois n'ont pas tardé à affluer. Le roi de Californie, Alfonso Pumpernickel fut le premier à les accueillir. Nos caméramens ont filmé l'événement.

« Ladies and Gentlemen,
    Nous avons aujourd'hui, ici, à Death Valley National Park, au plus chaud du plus chaud de notre bien-aimée Californie, la chance historique, d'accueillir ceux qui, grâce à leur courage, ont résisté à l'enfer communiste. Dans cet avion, que vous entendrez bientôt approcher, se trouvent les premiers héros de la Chine libre que nous aurons la joie de congratuler tantôt. Je vous demande, moi qui suis le nouveau roi de la Californie, d'accueillir ces barbares comme des sauveurs ! Je n'hésite pas à le dire, l'Amérique croule sous le cholestérol et nous avons besoin de bras maigres ! God Bless America ! »

    Du haut de la tribune improvisée, face à la vallée écrasée de soleil, Alfonso Pumpernickel, roi de la Californie, se dresse tout du haut de ses pieds et pouces. L'oeil rivé sur l'horizon télévisuel, il vient, à six heures du matin, face au levant, de prononcer le premier discours de sa carrière fédérale. En effet, la veille, un quadrimoteur « Avenir du Prolétariat » avait décollé d'on ne sait où en Chine, sans doute de l'aéroport de Gulag-City, pour rallier la Californie, pas n'importe où, non, dans la Vallée de la Mort, au plus profond des États-Unis, plus bas que le niveau de la mer, comme si les rescapés du goulag chinois ne valaient pas plus que cela.
- Qu'importe, nous a confié Pumpernickel, l'Amérique est vaste et généreuse, et du Nouveau-Mexique à la Bostonie, nous saurons faire un accueil chaleureux à ces miséreux qui remplaceront avantageusement les Mexicains.

FIN DE LA RETRANSMISSION D'ARCHIVES.


ROBERT BOBSLEIGH : Dès que le ministre diplomate Overweighted eut vraiment saisi l'enjeu de la proposition chinoise, il me dit : « Bobsleigh, mon ami, vous êtes rapide, portez, je vous prie, ce pli à mon ami le roi de Californie ». Je n'ai pas traîné, et, grâce à son tapis volant, j'étais dès le lendemain matin à pied d'oeuvre. Mariandel a absolument voulu m'accompagner. « Mais si, qu'elle a dit, sans moi, en Amérique, tu ne t'en sortiras pas ». Ainsi fut-il fait und Gott sei dank ! Le voyage en tapis volant est un plaisir, vous devriez essayer vous aussi. Bref, nous avons atterri près de la piscine du roi de Californie.


ALFONSO PUMPERNICKEL : C'est vrai, aussi vrai que je suis roi de Californie. Je me souviens, j'étais ce jour-là dans l'antichambre de ma piscine privée, à Midholland Beach, quand un envoyé spécial de la Maison Blanche, monsieur Bobsleigh, que je ne connaissais pas encore, me porta un pli secret : l'ordre d'accueillir quelques dissidents chinois, dès le lendemain matin, à Death Valley. Faut dire qu'il m'a surpris à l'article de l'éjaculation. En effet, vous n'ignorez pas qu'en ce temps-là, pour faire carrière aux États-Unis, il convenait d'être dûment sucé en aparté, chaque jour, par une stagiaire résidant dans le placard à balais. C'était une sorte de rituel. Nous embauchions des jeunes femmes à bouche pulpeuse, et, confortablement installées entre les serpillières et les rouleaux de papier-cul, elles attendaient l'occasion de servir. J'usais des miennes sans vergogne. N'oubliez pas que, d'origine moldo-valaque, j'étais bâti comme une armoire à glace, avant que l'alimentation trop riche de notre bien aimée patrie ne me gâche la vie. Songez que mon pauvre pays, alors sous l'emprise du communisme soviétique, ne proposait pas d'autre divertissement que l'haltérophilie. Les pipes et autres plaisirs purs y étaient interdits. Nous ne les pratiquions qu'avec parcimonie, dans la crainte d'être débusqués par la police politique. Le châtiment était sévère : au moins quinze ans de travaux forcés, à sucer des bites nonagénaires au Kremlin. C'est grâce à mes gros poings que j'avais franchi le rideau de fer, simplement en écrasant les mines antipersonnelles, à la main. J'étais une bête, quoi. J'aurais pu présenter Monsieur Muscle, mais j'ai préféré la Californie, à cause de ses piscines et de ses stagiaires... Où en étais-je ? Ah, oui. La fête battait son plein, c'était à peine le petit matin. Moi, le nouveau roi de Californie, je me devais d'honorer les notables du lieu. Ce n'était pas mon genre, pourtant, je préférais, de loin, les parties carrées sur mon yacht en baie de Sausalito. Ces innocentes partouses me permettent de garder la ligne et de ne pas grossir plus qu'il n'est nécessaire. C'est une diète que je recommande à tous mes amis. C'est très zen.


 

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