Noann Lynne (Livrogne) sur Le Temps
Critique ôtée du site (et je le regrette bien)
- Le Temps- François Martini
J’ai lu le Temps, et je n’ai pas vu le temps passer.
Court récit d’une centaine de pages, voici un roman qui se lit d’une traite. Une fois entré dans ce Temps, on n’en sort plus, tant ce conte philosophique moderne nous conduit dans une aventure folle, jusqu’à la dernière page, et même au delà. L’auteur nous laisse certains de nos doutes en n’écrivant jamais le mot ‘fin’, ce qui nous permet de continuer à rêver et réfléchir encore.
J’ai apprécié particulièrement l’écriture fluide, qui sait se faire discrète. On oublie les mots, de ce fait la lecture est rapide et sans complication, le lecteur peut se concentrer sur l’essentiel. L’impression vient de regarder un grand film, celui qui nous aspire tout entiers. Curieuse et originale histoire que celle de Philippe, qui va à un rendez-vous à la gare du nord, et se retrouve embarqué dans une folle aventure. Le temps devient élastique, il subit des distorsions, des écorchures. Caractéristique étonnante ? Pas tant que ça, Einstein décrivait déjà, il y a cent ans, cet aspect non rigide du Temps, entité capable de subir la gravité, le temps pourrait devenir plus rapide, plus lent. De nombreux physiciens se penchent encore sur l’influence ce cette « quatrième dimension », mais n’y en a-t-il que quatre ? Certains parlent d’univers à 6 ou 10 dimensions, seule façon de résoudre l’énigme de l’infini, de l’origine du monde. Le temps n’est pas linéaire c’est un fait. Il pourrait être un long fil de soie qui se recroqueville, fait des boucles, se détend et se resserre, un fil qui n’a pas de bout ! C’est ce concept que Fraçois Martini a judicieusement exploité, sans trop se mouiller cependant. Personnellement j’aurais aimé qu’il aille plus loin, dans le philosophie, mais c’est un choix aussi de laisser le lecteur à sa propre opinion, de le laisser développer ses propres hypothèses… choix de romancier !
Philippe regarde le futur, le passé, et il se retrouve projeté à différentes époques. Il revoit sa vie d’avant et découvre sa vie future, fait des incursions de plus en plus lointaines, des siècles en avant, ou des millénaires en arrière, jusqu’aux dinosaures et au big bang. Étonnante suite d’aventures où le lecteur regarde médusé les péripéties de ce français comme tout le monde.
Le lecteur découvre aussi Paris, juste ce qu’il faut, le Temps n’est pas un guide touristique. Pas d’atermoiements, pas de longues descriptions ennuyeuses, il ne faut pas perdre le temps de vue, car le temps dans ce roman est à lui seul un personnage… diabolique ! Juste un bémol quand même, j’aurais apprécié un peu moins de géométrie et plus de sentiments. Philippe perd de vue son Hélène, la revoit parfois de loin en loin. L’occasion était belle pour parler d’amour, évoquer les émotions d’un couple confronté aux lois de la métaphysique. L’auteur aurait pu les mettre plus en exergue. Il abandonne presque les amants. Dommage. Je ne dis pas qu’il faut faire du Guillaume Musso, de la sensiblerie, mais juste un peu quand même, pour que l’empathie fonctionne. Cette absence de sentiments rend le récit un peu froid. A part ce point de détail, cette épopée est bien écrite et jubilatoire.
Le Temps- François Martini. Éditions Glyphe
Publié par Noann, le 01 août 2010 dans la catégorie Découverte (...)
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